Hmm... Je suppose que ceci est un début abrupt. Et comme je respecte mes éventuels lecteurs possédant une virilité comparable à celle d'un caniche nain, race notoire pour sa nullité en concours de "macho-macho-man", comme je vous respecte, donc, ami lecteur (ou trice, quoique j'en doute; pour les trices, c'est moins dommageable de posséder peu de virilité, dans le cas où elles ne sont pas lesbiennes), je disais donc que j'allais arrêter de m'égarer dans des figures de style à la con. Désolé.
Je sors assez souvent en ce moment. Après avoir fini mes études, ai-je mis à profit mes talents et ma sensibilité pour aider les générations futures à construire un monde meilleur? Ai-je donné de mon temps ou de mon argent vers une cause socialement bénéfique? Mes actions ont-elle résonné assez pour survivre à l'éternité?
Même pas en rêve.
Je bois plus que de raison, je me ridiculise à tout bout de champ, j'insulte des étrangers et des passants dans le seul but de me faire rire (je suis particulièrement bon public), et je dépense des sous dans la poursuite interminable du touchage de fond, des abîmes même de la dépravation.
J'en suis venu à considérer la beuverie comme un art, l'alcoolisme comme une vertu. Et vice-versa. J'ouvrirai plus tard une parenthèse sur l'alcool et les drogues variées, lorsque cela me plaira et que je voudrai entretenir mon lectorat réduit à quatre ados qui baîllent, au fond, près du radiateur.
Qu'est-ce qui m'a poussé à suivre les autres dans ces bars pourris, ce soir? Je ne sais plus; L'un d'entre eux était déprimé, l'autre m'a appelé pour l'aider à lui remonter le moral, et nous voilà, ponctuant notre tournée des pubs par une courte visite dans un lieu qui ferait passer un speak-easy pour un couvent.
Bref, nous voilà dans une avant-boîte ringarde, avec sono à bloc et rebuts de l'humanité partout. Mais surtout, des filles de petite vertu. Pantalons taille basse, débardeurs en spandex qui feraient mourir de rire le premier acteur paraplégique venu, salle enfumée, et alcool hors de prix : c'est le début d'une grande soirée qui s'annonce. Je dois absolument atteindre le niveau zéro au plus vite.
Le niveau zéro, ami lecteur, tu sais ce que c'est (on peut se tutoyer? C'est cool.), mais si, tu sais ce que c'est lorsque tu t'es déjà pris une méchante cuite, que tu as tellement consommé d'alcool que tout ce qui te passait par la tête était :
- "C'est vraiment débile ce que je fais. Non mais, franchement, je suis complètement bourré. Faut que j'arrête, faut que j'arrête, oh, et puis j'm'en fous, c'est trop marrant."
- "J'me sens pas bien. J'me sens carrément pas bien. J'vais mourir. Ici. dans cette ruelle infâme, dans une flaque de vomi. J'me sens
vraiment pas bien... Putain, mais c'est
TROP excellent!"
- "Je tiens une de ces formes, moi! J'vais toutes vous baiser, ce soir!"
C'est, bien entendu, une synthèse de toutes les pensées qui peuvent t'assaillir, mais rappelle-toi : c'est la dernière chose qui te passe par la tête avant que tu te réveilles D.ieu sait où, et qu'on te raconte ce que tu as osé faire la nuit passée.
Bref, le niveau zéro, c'est le taux d'alcoolémie requis pour passer une
bonne soirée.
Je bois tranquillement, entouré de fumée de cigarette au rabais, de danseurs et danseuses, qui gesticulent mollement. En boîte, en bar, en pub, où que ce soit, il y a deux types de personnes : les huîtres, et les non-huîtres. Mes premiers sont ainsi nommés d'après soit leur carrure, soit leur physique, soit leur personalité, soit leur charisme, soit leur conversation, soit tout en même temps. Oui, je pense à tout ce qui n'est pas moi.
Je regarde les corps s'agiter autour de moi. S'agiter, s'agiter... Bon, c'est un bien grand mot. Tu as déjà remarqué, dans les boîtes de nuit, il y a les gonzesses qui dansouillent, plus pour montrer leurs corps que pour "juste danser parce que j'aime bien danser", pour étaler la marchandise, quoi, et les mecs qui se croient virils ne dansent pas. Ils font du sur place, en dodelinant de gauche à droite, et en hochant le tête en rythme de temps en temps. C'est ce qui s'appelle le "complexe de non-virilité".
Je voudrais examiner ce phénomène deux secondes. Ce qui est à l'oeuvre, lors de tels évènements, est la matière qui tient notre univers en place, celle qui gouverne même les forces immuables de l'entropie. Oui, je veux bien entendu parler de notre capacité, à tous, de "ne pas se prendre la honte en public". Interdit, donc de manifester trop d'émotion en public. De se faire remarquer. Ou bien de tenter un tant soit peu de se démarquer. Les jeunes gens d'hier, d'aujourd'hui, et de demain ont ceci en commun : ils savent applaudir ou huer, mais rarement "faire". C'est pourquoi, en boîte, on voit un tas de personnes bouger sur place, sans faire de gestes trop extravagants, car alors, s'abattrait sur eux la plus ignominieuse punition qui soit. La teuhon, comme on dit.
Bref! Je tourne autour du pot, et mon histoire ne se raconte pas, mais je m'en moque. Va lire le journal de Mickey si t'es pas content. Attends, reviens... Je déconnais.
Donc : Boîte. Poufs. Moutons. Musique qui fait boum-boum trop fort, pour éviter d'avoir à parler, et de révéler au monde à quel point on a peu de discussion/d'intelligence/de culture. L'usine à drague, quoi.
Partout, des "hommes", au visage austère, pensant qu'une gueule d'enterrement et un regard de veau mort donnent une aura de mec dur, gesticulent pauvrement, timidement, histoire de ne pas avoir l'air ridicule.
Larves. C'est eux qui seront ridicules, lorsque j'aurai atteint le niveau zéro. La bière m'a désaltéré, la vodka me réveille, et je surveille déjà mes alentours. Je distingue une petite caucasienne qui me sourit. Mignonne. Fine, les cheveux longs et raides, une mini-jupe qui ressemble à une ceinture, la peau mate qui est le fruit d'un bronzage attentif au vu des marques de mini-bikini, un décolleté qui descend jusqu'au nombril, et des yeux qui me dévorent. C'est bien parti! D'ici peu, j'aurai assez de courage pour me lever et lancer la machine à troncher.
Les pensées assaillent mon esprit, je deviens un faucon, prêt à fondre sur sa proie, éliminant les derniers détails techniques... Quand vais-je passer à l'attaque, et prendre ce qui me revient de droit?
Quand je me dis, "Alors, je finis ce verre, et j'y vais...", elle est en train de parler à un type. Basané, costaud. Elle me lance des regards enflammés. "Viens", qu'elle me fait, avec ses petits yeux. Je souris et la laisse cuire.
Quand je me dis, "Bon, je finis ma clope, et j'y vais...", elle danse, collée à un type bourré de piercings. Je me moque allègrement de sa figure, tout en me demandant s'il peut recevoir les chaînes câblées avec ses trois kilos de ferraille sur les joues. Elle, dans ses yeux, je peux déjà y lire "défonce-moi, c'est tout ce que je mérite". Je vais bientôt passer à l'action. J'attends encore un peu... Il me faut encore un petit verre de vodka, et je serai au niveau zéro.
"Quand il aura fini de lui tripoter le fion et de l'embrasser à pleine bouche, j'y vais..."
Je me mets à douter un peu.
Je ne suis toujours pas au niveau zéro. Buvage, donc. Boivage. Beuverage. Putain, j'y suis presque... Laisse-moi dix minutes, ça vient.
Tu te souviens, tout à l'heure, je te parlais d'alcool, et je voulais t'en vanter les vertus. Le moment est venu. Tout d'abord, je voulais dédicacer cette diatribe à toi, le pauvre type ou la pauvre gonzesse qui se croit supérieur à nous autres buveurs parce que vous pouvez "très bien faire sans alcool, j'ai pas besoin de ça pour m'amuser". Tu n'es pas meilleur que moi. Tu te crois supérieur à qui, avec tes valeurs morales à deux sous? Oh, ne viens pas me dire que tu ne l'as pas dit, tu le sous-entends parfaitement. Le fait est que t'es coincé à vie. J'espère que tu seras enterré vivant et que tu finiras étouffé par les vers qui dévoreront ton corps coincé dans un cercueil, emprisonné à deux mètres sous de la boue savamment arrosée d'eau bénite. Et de crottes de chien.
Dans ton monde, une tragédie, c'est quand il pleut à bisounours-land, ou quand un bébé animal pleurniche d'un air mignon. Tes opinions sont toujours pleines de morale directement inspirée des meilleures sitcoms à caractère socialement rédempteur, mais arrête ton petit jeu : peut-être que tu respires, mais moi, je vis.
Grâce à l'alcool, j'arrive à supporter le fait que D.ieu t'ait créé à Son image, parce que franchement, il n'y a pas de quoi être fier. J'arrive à te sourire alors que tu me racontes ta vie et tes problèmes, alors que je n'en ai strictement rien à foutre, tout comme, pour toi, mes ennuis sont du même ordre que ta première paire de pompes. Je ne t'emmerde pas avec mes problèmes, tu sais pourquoi?
Parce que je les noie dans l'alcool!
Si je n'étais pas alcoolique, j'aurais déjà fait un massacre, et j'aurais commencé par la première personne à dire "oui, ben ça c'est ton opinion, c'est ton droit, mais l'herbe est toujours plus verte de l'autre côté, de toute façon, je comprends pas pourquoi vous avez besoin de ça pour vous amuser, qui veut jouer aux sept familles?", ou autres phrases vaseuses, incolores, et à multiple sens.
Tu vois, ce genre de bile haineuse, ça veut dire que je vais
enfin raconter quelque chose d'intéresant!
Je me lève. Je jette un regard vers notre table. Les autres n'ont pas ruminé leur colère dans un silence ténébreux, ni contemplé la misère qui les entoure dans cet océan de solitude. En fait, il y a trois petites, pour trois gars, et depuis que je me suis levé, le ratio est devenu diablement plus intéressant. Comme pour le capitalisme, la loi de l'offre et de la demande s'applique sur toute table où se tient un évènement social : même s'ils étaient borgnes et estropiés, les deux hommes vont devoir se partager toute l'attention des trois filles restantes, qui vont redoubler de venin pour ne pas perdre à cet étrange jeu de chaises musicales. Je me demande si je n'ai pas envie de les examiner, d'un point de vue purement scientifique, et aussi pour me marrer un coup. Non, ils discutent, et le boum-boum de cette avant-boîte est trop assourdissant. C'est inutile, je ne pourrai pas suivre une conversation hurlée. Je me jette sur la piste. A présent, je chasse.
Tu te souviens, tout à l'heure, je te parlais des mecs qui ne dansaient pas; et depuis tout à l'heure, tu te dis, "c'est bien un crétin, tout le monde n'est pas ainsi fait, il y a toujours au moins deux-trois gars extravagants, qui sautent dans tous les sens en rythme avec la musique et que tout le monde trouve cool, alors que selon la logique moutonnière, ils devraient se prendre la honte (ce qu'ils font largement, aussi, mais en même temps, pas vraiment.)"
Je ris en y pensant et je chasse ces pensées loin de moi. Sache, ami lecteur, que ces gars, tous concentrés en un homme, c'est moi, au niveau zéro.
Je commence à me frayer un chemin à travers la foule peu souriante. Qu'est-ce qu'ils ont, tous, à pas sourire? On est là pour s'amuser, non?
Je ferme les yeux en marchant, puis je bouge un peu, j'articule mon corps au rythme de la musique. Je la laisse s'insinuer en moi, s'infiltrer à travers tous mes pores. La musique est à chier, certes, mais elle a le mérite d'être tribale, favorisant attouchements et jeux de séduction. T'es obligé de bouger, y'a pas le choix!
C'est comme si un dictateur, perché sur un mirador, annonçait sur un mégaphone : "DANSEZ. CARESSEZ VOTRE PARTENAIRE. ACCOUPLEZ-VOUS. PROPAGEZ L'ESPECE."
Poum-tchak, poum-tchak, les percussions me secouent et me font sentir que mon coeur bat plus fort que celui de la foule, poum-tchak, je frétille déjà, poum-tchak, je sautille, poum-tchak, je lève les bras, POUM-TCHAK, JE SAUTE DANS TOUS LES SENS, POUM-TCHAK, JE BOUSCULE TOUT CE QUI EST SUR MON CHEMIN, POUM-TCHAK, JE SUIS UN GRAND SINGE IMMORTEL ET JE SUIS VENU NIQUER VOS FEMMES, FAIBLES MORTELS, POUM-TCHAK, silence.
Vous savez, ce moment apparamment calme dans tous les morceaux qu'on passe dans une soirée, pour éviter la déshydratation ou tout simplement pour faire croire que ce morceau a été un tant soit peu travaillé? C'est là que je saisis une blondinette par la taille, et que je la serre, très fort, contre moi. Profitant de ce moment de faible intensité sonore, je lui chuchote à l'oreille un brise-glace classique.
"Salut. Est-ce que je te paie un verre, ou est-ce que je te donne de l'argent tout de suite?"
Elle me repousse d'un air dégoûté. Ce n'est qu'une salope sans humour. Je la laisse se faire enculer par le premier venu, et je change de coin. La musique recommence à s'intensifier. Les projecteurs m'éblouissent, la fumée autour de moi pénètre mes vêtements, je vais bientôt (déjà!) être en sueur, et les gens s'écartent sur mon chemin. Je déambule en faisant force moulinets avec bras et jambes, faisant des tours sur moi-même et me marrant comme un bossu. Ceux qui se moquent de moi ne savent pas à quel point ils sont ridicules dans leur comportement convenu! Ceux qui m'applaudissent deviennent immédiatement mes meilleurs amis! On me tend des verres, des clopes, et le meilleur, dans tout cela, c'est que ce sont des filles qui m'adulent. Malheureusement, un bon quart d'entre elles sont soit trop moches, soit trop vulgaires à mon goût. Je bois quand même. Alcools variés, cigarettes de marques indéfinies, mon cerveau me dit à un moment de refuser tout cela, mais je lui dis d'aller se faire foutre. D'ailleurs, à haute voix, je dis à tout le monde d'aller se faire fist-fucker par une éléphante atteinte de la lèpre, ce qui fait rire les uns, et me fait bousculer par les autres. Ce ne sont que des merdes sans humour. Je rentre dans la petite blondinette qui m'a rejeté, et je lui rote à la gueule. Je lui fais, "Arrête de me suivre, vulgaire catin! D.ieu te pardonnera peut-être, mais je n'oublierai JAMAIS! Pourquoi tu danses comme ça? Tu veux trouver l'homme de ta vie, ou un coup de bite? Tu es venue pour apprécier le goût d'une bonne, grosse teub de bon, gros black? Dégusteuse de foutre de macaque!"
"Quoi, tu comprends pas ce que je te dis? T'es du genre à mater la télé avec un dictionnaire pour tout comprendre? T'as besoin des sous-titres pour suivre les télétubbies? Mais regarde-toi, même pas t'es un thon, au pire une otarie : t'as moins de seins et plus de moustache que moi! Tu vas pas te mettre à chialer, t'es toute rouge, je veux dire, violette, enfin, vert foncé, maintenant! Allez, va-t'en au lieu de gaspiller mon oxygène", etc.
Subtilité, c'est bien toi ma préférée.
Je sens une main se poser sur mon épaule. Une main costaude. De gorille, je parie. Je me retourne.
Ah, ben presque un gorille. Juste une espèce de tête de con de client. Il a une tronche de recalé de l'armée fana de tuning, les cheveux taillés en brosse, une tête carrée, un front plat, un blouson noir qui fait pilote comme dans top gun, et des lunettes noires qui témoignent de la nostalgie qu'il porte pour des années 80.
"Qu'èsse t'as? VIRGULE, CONNARD!", lui demandé-je poliment.
"C'est ma copine, que tu traites comme ça,
crevette."
Alors, là, pause. Je mets une seconde à réfléchir. Non, je mets zéro seconde à réfléchir, et je lui mets un coup de boule. Me traiter de crevette? Quand je suis au niveau zéro? Y'a pas moyen. Si j'avais essayé de parlementer, je me serais pris soit une mandale, soit la honte.
Il s'écroule lamentablement, et je décide de battre en retraite vers la table, où je vais promptement prévenir mes potes qu'il faut qu'on s'en aille pour des raisons urgentes et que de toute façon, il est temps d'aller dans un rade un peu moins pourri que celui-ci.
Sur le chemin,on essaye de me retenir, mais dès qu'on plonge au plus profond de mon regard de toxico, on comprend que je suis certes gringalet, mais assez instable pour faire mal, très mal. Et vite, très vite.
Merde. Ils ne sont plus là. Il reste deux filles, j'en déduis qu'une seule a gagné le gros lot : se faire tirer dans les chiottes. Je m'enquiers de la situation. Une des petites, qui se souvient de moi, hurle au-dessus du niveau sonore de la bouillie fétide que j'ai osé nommer "musique" ce soir, me hurle :
"ILS SONT PARTIS AUX TOILETTES.
- QUOI?
- ILS-SONT-PAR-TIS-AUX-TOI-LET-TEUH!
- MAIS QU'EST-CE QU'ILS BRANLENT?
- JE SAIS PAS!
- VENEZ, ON SE CASSE."
Sans mot dire, elles se lèvent, et prennent leurs affaires, prêtes à me suivre. Je note mentalement que mes potes sont soit en train de raquer comme c'est pas permis, au vu des cadavres qu'ils ont laissés sur notre table, soit en train de secouer la pauvre gagnante du concours. Soit les deux. Ca fait rien, ils n'ont pas mon charisme, je vais rattraper leur score et les ridiculiser plus tard. Sur le chemin de la sortie, c'est un champ de bataille. La musique est de plus en plus rapide, de plus en plus forte, de plus en plus pourrie, et il pleut de la sueur. Mes escort-girls ont l'air de se marrer. Heureusement qu'elles ne sont pas au courant de la situation. Je farfouille dans ma poche pour trouver les clés de ma tire, et je pousse la porte de sortie en même temps.
L'air frais me met une claque inimaginable, mais je tiens debout. J'ai deux femmes avec moi, il faut que je survive encore une longue nuit. Y'en a qui vont passer à la casserole, et c'est pas le boudin de toute à l'heure. Je n'ai même pas passé de temps à dévisager, au minimum, mes accompagnatrices : l'une, rousse aux cheveux bouclés, est magnifique. Une silhouette pleine de défauts qu'on a envie de répertorier à la main, et des yeux rieurs. J'adore la blancheur de la peau des rouquines, ça compense pour le fait qu'elles puent la mort rancide autant qu'un rat écrasé par un camion et qui est resté au beau milieu de l'autoroute, à se décomposer au soleil et à se faire re-écraser quelques centaines de fois durant une chaude et belle journée d'été. D'accord, j'exagère : même ça, ce serait une douce odeur d'églantine comparé à l'odeur d'une rousse. L'autre fille est un peu moins bien, c'est ce qu'on pourrait appeler une brune platine, sans charme. Elle a des formes, oui, mais un visage tellement ennuyeux qu'il inspire de la mélancolie. Avec des yeux de chien triste, tu sais? Je vais quand même me la taper, ce serait pêché, sinon.
Je les contemple, comme ça, pendant dix secondes, rattrappant mon souffle, puis je m'approche des deux, prends une main à chacune, et leur lance :
"Mesdemoiselles, suivez-moi. Nous allons au septième ciel." Elles se marrent. C'est bon, elles vont passer à la casserole.
On monte dans ma voiture, je fais monter la rouquine devant, et je remarque qu'elle est en extra-courte-ras-le-bonbon-mini-jupe. Brave petite... Je démarre.
En changeant les vitesses, ma main glisse plus d'une fois sur ses cuisses, et on joue à touche-bonbon. Le meuble, derrière, s'est positionné au centre de la caisse, m'enlevant toute visibilité dans mes six heures, mais on s'en fout, parce qu'elle a l'air bourrée comme un cartable, et commence à embrasser l'autre sur l'épaule, puis le cou. Je tente tant bien que mal de manoeuvrer dans cet état d'ébriété et d'excitation élevé, mais je me mets bien vite à me concentrer sur la route. "Je vais leur mettre la misère." devient ma mantra. A voix haute. Je me reprends avant de réaliser qu'elles s'embrassent à pleine bouche.
"Hé! Arrêtez! Pas de gouines dans cette bagnole! HEY!"
Elles me regardent d'un petit air coquin, et me parlent tout timidement.
"... Ben, on est un peu bisexuelles... On aime bien se chauffer avant."
Bingo. Je suis tombé sur des pineuses infernales. J'avais entendu des rumeurs à propos de succubes sorties tout droit des enfers, envoyées par Satan pour sucer des kilomètres de bites et dépraver les hommes. Plus ça va, plus je suis remonté.
On arrive chez moi, et je les prie de se mettre à l'aise, mais plutôt dans ma chambre, et sans tarder, pendant que je vais chercher la bouteille de vodka qui me reste de la dernière fête. J'en bois plusieurs longues gorgées, le liquide brûlant et glacé à la fois me réconfortant, et me donnant assez de force pour le restant de la nuit.
Lorsque je pénètre dans la chambre, bouteille à la main, je me jette sur mon lit, et je te laisse imaginer la suite.
Après une bonne heure de délivrance bestiale et de baise sportive, j'ai fini la bouteille et tu peux arrêter d'imaginer. Je vomis tout ce qu'il y a dans mes tripes, sans aucun avertissement.
Elles se lèvent.
Elles se rincent tant bien que mal.
Elles se rhabillent.
Elles s'en vont.
Le lendemain, je me réveille vers les 14h du matin, en train d'enlacer la cuvette des chiottes, qui est étonnament propre à l'intérieur, tandis que mes murs sont maculés de substances inflammables et verdâtres. Je jette un triste regard sur la tracée que j'ai laissée derrière moi, parcourant à l'envers le chemin de mon lit jusqu'aux toilettes.
Ca me fait marrer, parce que ça ressemble à des traînées d'escargots, mais en technicolor.
Je ne me souviens pas plus de mon périple, et c'est tant mieux. Je suis sûr et certain que j'ai dû souffrir comme un damné pour rejoindre mon triste havre de porcelaine, mais ça en valait la peine : je n'ai aucun souvenir de la fin de la soirée, qui a du être longue, pleine de souffrance et d'appels passionnés à Raoul, et j'en remercie le dieu Alcool une nouvelle fois.
Ah! Cela faisait longtemps que je n'avais pas vomi. Vomi... Avec une majuscule, s'il vous plaît!
Hyper méga bonus, la chanson du vomi, sur l'air de "La chenille qui redémarre" !Mets ta tête dans l'urinoir C'est le vomi qui redémarre En avant les pâtes au beurre Le vomi part toujours à l'heureDédicace
spéciale pour vous toutes, mesdemoiselles. Si je vous ai un jour vomi dessus... C'est que vous l'aviez bien mérité, petites polissonnes. :)